La littérature orale a une longue histoire en Italie. Apulée emprunte ses motifs dans la mythologie classique et le "Décameron" de
Boccace (1349-1351) suivi au XVI
ème siècle par le "Piavecevoli notti" de
Straparole entraîne le lecteur dans l'art de la narration. Quand au "Conte des contes" de
Basile, au XVII
ème siècle, il nous livre de nombreux motifs de contes que nous retrouverons dans les collectages européens du XIX
ème siècle.
Durant ce XIX
ème siècle, le mouvement romantique entraîne de nombreux collecteurs à publier des ouvrages rendant compte de la poésie populaire des "novelle" des contes et des légendes.
Temistocle Grasi (1824- 1887), siennois, issu de la souche des écrivains didactiques, transcrit dans ses "Saggi di letture" (Textes choisis) des contes écrits en dialecte, afin de donner aux jeunes du peuple "le pain spirituel" qui lui semblait le moins corrupteur.
Domenico Comparetti collecte à Pise en 1875 et tente de composer un recueil général de plusieurs régions (Conti e raconti del popolo italiano). Beaucoup d'autres tenteront l'aventure. Un homme marque la fin du XIX
ème siècle, il s'agit de
Giusseppe Pitré. Médecin, il se consacre aux études du folklore et plus particulièrement au folklore Sicilien. Avec lui, le folklore prend conscience de la place qu'occupe la création poétique du narrateur dans l'existence même d'une tradition du récit oral. Il prend conscience de ce "quelque chose" qui dans le conte doit être réinventé chaque fois (...). Au centre de l'acte narratif trône le personnage du, ou de la, "novelliste", avec son style personnel, son charme bien à lui. Bien d'autres chercheurs éditeront des recueils.
Angelo de Gubernatis collecte des
novelline dans la région de Sienne,
Vittorio Imbriani collecte dans la région de Florence, en Campanie et en Lombardie,
Benedetto Croce se fait dicter par des lavandières du Vomero des chansons et des ritournelles, etc.
Dans les années 1960, on assiste en Italie à un regain général d'intérêt pour les traditions orales non chantées. Les Fiabe Italiane d'
Italo Calvino datent de 1956 mais l'index des contes toscans de
G. d'Aronco est paru en 1953 et celui des contes siciliens de
S. Lo Nigro en 1958, après que la recherche ethnologique se fut longuement occupée de la chanson populaire, dans la lignée des courants postromantiques mais aussi marxistes. Des chercheurs isolés et l'
Institut Ernesto de Martino de Milan entreprennent des collectes sur le terrain, mais ce n'est qu'en 1968-1972 que fut réalisée la première collecte systématique utilisant les critères d'enregistrement mis au point, durant les années précédentes, par le très actif
Archivo Ethnico-Linguistico-Musicale (A.E.L.M) fondé en 1962 pour le recueil de musique populaire, de matériaux linguistiques et dialectaux, de littérature orale. Quarante chercheurs qui enregistrèrent sur bandes magnétiques 8000 documents narratifs répartis en 133 enquêtes, prirent par au programme promu par la Discothèque Nationale, sous la direction de
A.M. Ciresse et de
D. Parlangeli.
En 1975, celle-ci publie le" Premier Inventaire National des Traditions orales non chantées" sous la direction de
A.M Ciresse et
Liliana Serafini. Les textes sont divisés et classés en Types, Motifs et Arguments selon l'Index Aarne's-Thompson. Puis, parallèlement à ses travaux consacrés à l'inventaire, Liliana Serafini met sur pied le projet d'un Répertoire de la littérature narrative traditionnelle italienne : types et motifs, encore inédits, fournissant outre les index habituels par types et pas motifs, une série d'index par collecte. Pendant ce temps, d'autres instituts réalisent leurs collectes : notamment les
Archives Sonores du Musée National des Arts et Traditions populaires de Rome, créées en 1960, les
Archives ethno-musicologiques Siciliennes,
L'institut sarde d'ethno-musicologie, l'institut Ernesto De Martino de Milan,
Le Centre Gianni Bosio de Rome. Depuis 1979, se poursuit sous la direction de
Aurora Milillo la mise sur fiches selon le modèle F.K.N.(documents ethnographiques FK, narratifs N) du matériel déposé au Musée des Arts et Traditions Populaires et de celui fourni par les enquêtes lancées par l'Institut Central pour le Catalogue et la Documentation.
C'est là un témoignage du souci de rendre facilement accessible aux chercheurs les inventaires des matériaux recueillis. De nombreux instituts prévoient des salles d'audition pour l'écoute des enregistrements.
Le souci de construire des corpus aussi complets que possible a également entraîné la réédition, selon des critères philologiques rigoureux, des collectes inédites ou partiellement éditées du XIX
ème siècle. Nous rappellerons simplement ici le projet d'édition des manuscrits du
fonds Comparetti du M.N.A.T.P, coordonné par
Enrica Delitala, qui met à la disposition des chercheurs près de 400 textes de narration traditionnelle des diverses régions italiennes recueillis aux alentours de 1870.
Certaines collectes on déjà été éditées : celle des contes bergamasques d'Antonio Triboschi par les soins de Vittorio Volpi est parue en 1977 dans Bergamo e il suo. Mondo Popolare in Lombardia, Les quatre volumes des "Racconti popolari calbresi" regroupant 340 textes recueillis par Raffael Lombardi Satrini sont parus entre 1953 et 1963.
Texte de Marc Aubaret In Euroconte
LÉGENDES.
La Befana
En Italie, la Befana est une des plus anciennes et des plus célèbres légendes. Chaque année, pour le 6 Janvier les enfants de l’Italie se réveille dans l’espoir que La Befana est passé dans leur maison. C’est un jour important pour les Italiens, car il marque la fin de la saison de Noël et le jour où les Rois Mages sont arrivés à la crèche de l’enfant Jésus. Au fil des années, l’Epiphanie est devenue la fête la plus célèbre pour les enfants de l’Italie, parfois même devant Noël