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l'archipel des comores
    

  

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La littérature orale des Comores

 

L'archipel des Comores forme un ensemble d'îles situées au sud-est de l'Afrique, à l'est de la Tanzanie et au nord-ouest de Madagascar. Les quatre îles volcaniques, qui couvrent une superficie de 2236 km², sont :
    ▪     Grande Comore (ou N'gazidja en shikomori)
    ▪     Anjouan (ou Ndzouani)
    ▪     Mohéli (ou Mwali)
    ▪     Mayotte (ou Maore)

1. Anjouan est la plus densément occupée des quatre îles de l'archipel comorien. A Anjouan, comme dans le reste de l'Archipel, l'origine du peuplement est très divers, Afrique, Arabie et Golfe persique, et aurait commencé dès le II° sièce de l'Hégire (VII° siècle de l'ére chrétienne) par vagues successives. Très tôt l'Islam s'est implanté dans tout l'archipel. Tout au long de leur histoire, les comores ont entretenu des liens très étroits avec l'Arabie, l'afrique orientale déjà islamisée et surtout avec Zanzibar qui était aussi la plaque tournante de toute sorte de commercee dans la région. Un important trafic d'esclaves s'est développé entre la côte et les comores. Ainsi, des populations d'origines différentes se sont mélangées et ont engendré une culture originale qualifiée d'Islamo-bantoue. (islamique car la population comorienne est musulmane, bantoue par sa langue). La langue comorienne reflète bien le caractère composite de cette culture. Structurellement bantoue,  cette langue, comme le swahili, s'est enrichie d'un important lexique d'origine arabe. Nous savons maintenant qu'elle s'en distingue nettement.
 Mis à part le Kibushi, dialecte malgache parlé dans quelques villages de Mayotte, les parlers comoriens se divisent en deux groupes : un groupe occidental formé du Shingazidja (gde comore) et du Shimwali (à Mohéli) et un groupe oriental formé du Shindzuani (Anjouan) et du shimaore (Mayotte). L'intercompréhension à l'intérieur d'un groupe est quasiment immédiate. Par contre, une période d'adaptation plus ou moins longue est nécessaire entre les locuteurs de groupes différents. Depuis quelques années, on assiste à un développement d'une sorte de langue véhiculaire à base du shindzuani. Cela peut se comprendre pour trois raisons : pour son système morphologique plus simple que le shingazidja qui a le plus grand nombre de locuteurs, du fait du développement de la radio et des moyens de transport depuis l'autonomie interne en 1960, parce qu'Anjouan qui a une superficie de 424 KM2 avec un relief très accidenté a toujours été l'île la plus densément peuplée (400 hbts/KM2). Il faut ajouter une répartition des terres cultivables très inégalitaire qui pousse les anjouanais à émigrer vers les îles voisines. Ceci explique pourquoi le shindzuani est le parler le mieux compris de l'archipel. Le Shindzuani présente deux variantes régionales (nord/sud) aux variantes minimes. Distinguons aussi le parler rural et l'urbain.

En dépit de l'importance de de la culture arabo-islamique, la culture anjouanaise est essentiellement orale. PArmi les genres littéraires oraux, le conte occupe une place importante. Il joue dans la vie d'un june anjouanais un rôle capital. Il n'est pas fait seulement pour amuser ou distraire, c'est une véritable école d'éducation et d'apprentissage. On y apprend comment se comporter dans la société et comment on est puni si l'on ne suit pas les sages conseils de ses aînés, comment pratiquer telle ou telle activité, comment comprendre et manier la langue, bref on y apprend tout ce qui est nécessaire à la vie et la cohésion sociales.

C'est le soir que se déroule la "séance" des contes. Toute la famille se réjouit de se retrouver réunie. Pour les enfants, c'est aussi le moment idéal pour garder en mémoire toutes les connaissances qui leur sont transmises par leurs aînés. Avant d'entamer l'histoire elle-même le conteur ou la conteuse commence par un chant en langue des Djinns qui est en réalité un mélange de plusieurs idiomes de la région ou engage avec  son auditoire un dialogue à l'aide de formules consacrées qui lui permettent de briser l'espace temporel et d'entrer dans le monde invisible des djinns ou de personnages légendaires. Après ce voyage à travers le temps et l'espace où le conteur est à la fois témoin et acteur, c'est au moyen d'un couplet chanté ou d'une formule telle que "je les ai quittés" qu'il va revenir par mi les humains.A Anjouan, le djinn Arabe est assimilé au djunu anjouanais, c'est-à-dire à un ogre ou un monstre dévorant avec des poils, des cornes et une queue. Aussi, pour mieux tromper la vigilance de ses victimes, le djinn va se métamorphoser et apparaître sous forme humaine : il va alors se fondre dans la société des hommes et essayer d'imiter leurs coutumes afin de pouvoir commettre ses crimes. MAis des détails dans ses comportements vont le trahir et il sera démasqué.

Comme partout aux comores, la transmission des contes  à Anjouan est libre : il n'y a pas de conteur professionnel. Cette liberté de raconter une histoire explique que les contes présentent beaucoup de variantes dans la mesure où le texte oral n'est pas fixé. Il n'est donc pas étonnant que plusieurs thèmes interfèrent et qu'un même conte offre plusieurs variantes.                D'après l'introduction de "Rois, femmes et Djinns, contes de l'île D'Anjouan", M. Chamanga, cilf Edicef, 1988.

2. Mayotte est une des quatre îles de l'archipel des Comores, situé entre Madagascar et le continent africain, dans le canal de Mozambique. De ces  deux côtes voisines sont venus, au cours de l'histoire, des groupes de population et des systèmes d'idées et de symboles. De l'Arabie et de la Perse est venue la religion islamique, transmise par des arrivants ayant souvent fait des escales sur la côte africaine. Proche de MAdagascar, Mayotte a toujours entretenu des échanges, paisibles ou conflictuels, avec ses voisins. On pense que les premiers établissements malgaches dans le sud de l'île remontent au XVI°siècle.

La situation linguistique reflète ce brassage culturel original. Les villages de l'île de Mayotte se répartissent selon la langue qu'ils parlent. Les uns, les plus nombreux, parlent le Shimaore, un dialecte du comorien  (famille de langues du centre et sud de l'afrique appelées" bantu "par linguistes du XIX° et qui  signifie les hommes). Les autres parlent un dialecte malgache ou kibushi, apparenté donc à ceux de la grande île voisine de Madagascar.

L'enchevêtrement sur la carte des villages parlant malgache et des villages parlant comorien rappelle une histoire de migrations qui n'est pas si ancienne (jusqu'au XIX°siècle), mais on aurait tort d'y voir deux ethnies, ou deux peuples différents. Les mahorais expriment dans l'une et l'autre langue la même culture, marquée par la combinaison originale d'un Islam confrérique particuliérement tolérant et d'une organisation de parenté qui donne aux femmes un rôle central comme garantes de la stabilité et de la continuité de la famille. Aussi beaucoup de contes tournent-ils autour du mariage et du rôle des femmes. D'après Introduction de "La maison de la mère, contes de l'île de Mayotte, S. Blanchy, Z. Soilihi, NJ Gueunier et M. Said, l'Harmattan, 1993.

 

    

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Indications bibliographiques :

- Hervé Chagnoux et Ali Haribou, Les Comores, PUF, 1980

- Abdallah Said, Contes des îles de la Lune, l'Harmattan, 1995

- S, Blanchy, Z. Soilihi, NJ Gueunier et M. SAid, La Maison de la mère, contes de l'île de Mayotte, L'harmattan, 1993

- S. Blanchy et Z. Soilihi, Furukombe et autre contes de Mayotte, éd. Caribéennes, 1991

- M. Ahmed Chamanga, Rois, femmes et djinns. Contes de l'île d'Anjouan, CILF Edicef, 1988

- Salim Hatubou, Contes et légendes des Comores ou Genèse d’un pays bantu - Flies France, coll. Aux origines du monde – 2004

    

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