Littérature orale et lutte contre l’illettrisme
Pratiques, outils et connaissances en Littérature Orale pour permettre des progrès en écriture et lecture.
Le Centre Méditerranéen de Littérature Orale mène depuis plusieurs années des recherches sur les interactions entre l’oral et l’écrit.
A partir de ses travaux, le CMLO a élaboré une méthode d’intervention auprès des personnes dites « illettrées » ou « décrocheurs » de la langue.
Les principes de cette méthode s’appuient sur quelques évidences issues d’observations, d’expériences menées par des professionnels confrontés dans leur pratique aux personnes en difficulté avec la langue.:
- Ces personnes repèrent peu les différences entre l’oral et l’écrit, deux modes d’expressions spécifiques d’une même langue,
- Si une personne acquiert une capacité d’analyse de la langue orale, elle passera plus facilement à l’écriture,
- Si elle comprend le fonctionnement de la langue orale, elle se trouve dotée d’un outil d’expression orale extrêmement efficace,
- La pratique de la composition narrative à l’œuvre dans le travail du conteur traditionnel est structurante et se transfert sur la pratique de la langue écrite.
Cette méthode se propose de reconstituer en une dizaine d’ateliers de 2 heures une capacité à penser le fonctionnement de la langue orale et de reporter cette compétence sur la langue écrite, plus particulièrement dans sa dimension narrative.
Pratiques, outils, connaissances pour permettre aux décrocheurs de la langue
de trouver le chemin vers l’écriture et la lecture
A cours d’une formation sur deux semaines, nous proposons de transmettre cette méthode et les savoirs nécessaires à son application dans des ateliers conte.
Entre les deux sessions, il serait intéressant que le stagiaire trouve un lieu pour expérimenter une ou deux séances et enrichir son répertoire.
Compétences
• Différencier les codes de l’oral de ceux de l’écrit pour définir les difficultés d’apprentissage de l’écrit et la problématique de l’illettrisme
• Comprendre les difficultés d’apprentissage de l’écrit d’une personne et/ou d’un groupe
• Autoévaluer sa pratique de la langue orale et sa compétence narrative
• Organiser la réappropriation des codes de l’écrit par les personnes « illettrées » en prenant le conte comme outil de travail
• Concevoir et animer des ateliers de médiation culturelle conçus à partir du répertoire de la littérature orale pour développer les compétences rédactionnelles
Objectifs
• Définir l’illettrisme, les fondements linguistiques de l’oral et du passage de l’oral à l’écrit
• S’approprier par l’expérimentation une méthode d’intervention en utilisant la technique narrative du conteur
• Présenter des expériences d’utilisation de la méthode et en étudier les effets
• Construire un atelier de 10 séances de 2h à partir d’une structure de conte (merveilleux, facétieux, sagesse…) et se composer un répertoire de contes populaires traditionnels.
N.B : Le programme ci-après donne les grandes lignes et directions de cette formation.
Programme
Semaine 1
Lundi : Présentation des grands principes de la méthode, arguments en faveur de la littérature orale et projet de fin de session.
- Approche globale de la méthode, du rôle de l’animateur et de la place de la littérature orale
- Définition de la littérature orale, des spécificités du conte composé d’une succession d’images et lien avec la lecture.
- Projet de fin de session : Rédiger le plan de 10 séances avec objectifs, compétences et grille d’évaluation d’un atelier « Le conte contre l’échec scolaire »
- Expérimentation d’une technique de composition orale : la carte du conte.
Mardi : Analyse et Expérimentation d’une technique de composition orale et animation d’un groupe.
- Déploiement de la carte du conte en images mentales
- Enrichissement du lexique
- Processus pédagogique d’accompagnement par des questions ouvertes
- Poétique de la langue : raconter à l’oral avec le moins de mot possible
Mercredi : Évaluer l’oral et ouverture pédagogique
- Évaluer et s’auto-évaluer sans se dévaluer : par une conscience de la langue et l’appropriation des critères de l’oral
- S’ouvrir aux pédagogies qui prennent en compte les intelligences multiples et qui favorisent la coopération.
Jeudi : Comprendre la langue et les spécificités de la langue orale
Les fondements linguistiques de l’oral : Qu’est-ce qu’une langue ? Bien souvent nous la pratiquons sans nous poser cette question. Pourtant les réponses que nous pouvons amener sont des outils des plus efficaces pour détecter et réparer les difficultés d’ écriture et de lecture.
Les cadres spécifiques de du passage de l’oral à l’écrit. De la phonologie à la graphie…
Vendredi : Les fonctions de la littérature orale et ses différents genres / Proposition d’expérimentations entre les deux sessions
- Mémoire et patrimoine culturel commun de l’humanité : Des petites formes aux contes merveilleux en passant par les légendes, mythes ou épopées, le répertoire est vaste et chaque genre répond à des questions essentielles.
- Comprendre l’impact et les résonances que porte la littérature orale,
- Se repérer dans la large panoplie de recueils proposés en librairie
- Comprendre les enjeux portés par un conte populaire traditionnel pour mieux le différencier d’un récit fictif d’auteur.
Entre les deux sessions, il serait profitable de trouver un lieu pour expérimenter une ou deux séances et enrichir son répertoire.
Semaine 2
Lundi : Retour sur expérimentation et éléments de compréhension des personnes en échec scolaire
- Réussites, difficultés et questions soulevées par l’expérimentation d’une séance
- Repérer les différentes stratégies mises en place par une personne en échec pour éviter la déstabilisation entraînée par la confrontation aux situations d’apprentissages.
- Le rôle des émotions dans le processus de mémorisation, le rôle bénéfique du conte.
- Approfondissement sur les fonctions et utilisations possibles d’un genre en particulier (selon les participants : conte merveilleux, légende, ou mythe).
Mardi : Écrire, Réécrire, se lire et lire l’autre.
- Comment passer du récit conté à l’oral au récit écrit ?
- Comment compenser l’absence du corps et du contexte de la narration ?
- Repérer comment le rythme et le ton deviennent ponctuation (le silence , un point , une voix qui se réjouit , un point d’exclamation.), comment une mimique, une gestuelle deviennent des adjectifs, des verbes…
- Reprendre les critères d’évaluation de l’oral et retrouver ce qui est convergeant et divergeant avec la narration écrite.
- Expérimenter la correction positive et sans jugement
- Lire l’image, Se lire, puis lire la version littéraire du conte travaillé.
Mercredi : L’animateur conteur et l’heure du conte
- Ouverture sur une pratique différente développée par Suzy Platiel : L’heure du conte
- Pratiquer la narration orale : prendre conscience du corps, souffle, intonation. Conter n’est pas indispensable, mais peut s’avérer utile pour animer cet atelier.
- Soir : Atelier « Veillée contes » par Catherine Caillaud et les stagiaires qui le souhaitent
Jeudi : Comment installer un atelier conte ?
- Le choix et l’aménagement du lieu, la fréquence, la durée, la continuité hors et dans l’atelier, la motivation, l’évaluation individuelle, la place accordée au dire, écrire et lire.
- Les sources de financements possibles et le montage des dossiers et projets pédagogiques.
- Travailler sur son projet personnel.
Vendredi : Rédaction d’un projet d’atelier
Afin que cette formation débouche sur un outil concret, utilisable le plus rapidement possible, les stagiaires commencent dès la première session à rédiger un projet d’animation d’atelier.
Finalisation des projets, lecture au groupe, partage et critique
Informations complémentaires :
Un questionnaire préalable à la formation pour saisir les objectifs et cas particuliers de chacun sera à compléter par les stagiaires.
Un suivi personnalisé par courriel sera proposé pour accompagner l’expérimentation entre les deux sessions.
Possibilité de venir en laboratoire dans la classe de SEGPA de Catherine Caillaud
Enrichir son répertoire par la lecture et par l’écoute : une veillée conte est programmée.