PROGRAMME 2018
Cette formation se veut un apprentissage des techniques de narration de récits oraux. Elle s’appuie sur la tradition orale européenne et s’adresse à toute personne souhaitant s’initier à l’art du conteur.
Elle est composée d'un tissage de théorie (afin de prendre conscience des éléments indispensables à la bonne compréhension des exercices proposés) et de pratique (afin de constituer un répertoire et appréhender une narration personnels).
ORIENTATION DES ATELIERS
Selon les thèmes suivants, qui s’affineront, s’orienteront et se compléteront en fonction des besoins spécifiques du groupe.
Acquisition d’un répertoire
Le premier travail qu’un conteur doit accomplir c’est de choisir les récits qui entreront en résonance avec sa personnalité, sa sensibilité. Ce travail semble se faire naturellement, mais pour choisir il faut avant tout connaître les éléments disponibles et le répertoire de la littérature orale est vaste. Bien souvent, la richesse disponible est mal connue et le choix des jeunes conteurs se restreint à des hasards où la qualité des récits n’est pas toujours propice à une bonne appropriation. De plus, choisir nécessite de comprendre ce que ces récits portent dans la tradition et dans la chaîne de transmission. Ensuite, comme le travail du conteur ne consiste pas à redire par cœur un récit découvert dans un livre, un travail de dé-tramage et de ré-habillage est nécessaire. Une fois de plus il est souvent nécessaire de comparer plusieurs versions afin de dévoiler le sens d’un récit traditionnel.
Repérage structurel du récit - L’image du conteur
Les récits de la littérature orale sont construits à partir de structures narratives particulières qui aident le conteur tout au long de sa composition et de sa création. Le repérage de ces structures permet de révéler une part importante du sens des récits et donc de mieux appréhender les invariants sans lesquels le récit risque de devenir une simple anecdote.
Les images mentales sont elles aussi des outils qui permettent le passage d’un imaginaire personnel à un imaginaire collectif. Ces outils de création sont des moteurs essentiels de la création du conteur. Ils permettent de nourrir la matière contée, de la rendre plus forte.
Les logiques symboliques
Les récits de littérature orale, plus particulièrement les mythes et les contes merveilleux, sont organisés selon une double logique narrative. Une logique structurelle que nous aurons étudiée lors de l’atelier précédent et une logique symbolique. Au cours de cet atelier, nous nous attacherons à repérer les éléments symboliques constitutifs de la logique propre aux récits choisis et nous éclairerons le processus qui permet de les mettre en valeur dans une composition orale.
La mémoire du conteur
Les jeunes conteurs ont toujours la crainte d’oublier, de se tromper. Comment raconter des récits de plusieurs heures sans oublier des éléments ? Cette peur de la perte de mémoire est à dépasser pour se consacrer à une transmission sensible de son récit. Nous aborderons au cours de cet atelier les différents évènements et comportements qui peuvent parasiter la mémoire du conteur. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux émotions, aux états physiologiques et psychologiques qui peuvent générer ces parasitages. Enfin nous verrons comment solliciter la mémoire des auditeurs.
Espace-temps
Narrer un récit nécessite une conscience de l’organisation spatiale dans laquelle il se déroule, de sa temporalité globale et séquentielle. Cette conscience demande une attention particulière et des compétences narratives : description, utilisation des temps grammaticaux, notion de rythme, gestion des ellipses…. Au cours de cet atelier, nous nous concentrerons sur cette dimension spatio-temporelle du récit.
L’art de la narration, un art de la suggestion
Narrer n’est pas faire voir, c’est plutôt solliciter les images déjà présentes dans la mémoire de chaque auditeur. Les propositions du conteur sont moins des descriptions que des suggestions. Il s’agit donc de trouver dans sa composition une intelligence de la limite entre la description et la suggestion. Au cours de cet atelier, nous repérerons les marges entre ces deux modes. Nous explorerons aussi les éléments non verbaux qui contribuent à cette dynamique de communication singulière avec le public.
Les personnages de la littérature orale
En littérature orale, la plupart des récits positionnent le conteur comme un témoin. De ce fait, l’art du conteur tend à rendre impossible l’introspection psychique. Le conteur se retrouve condamné à des artifices narratifs pour faire ressentir la part psychologique de ses personnages. Au cours de cet atelier, nous mettrons à jour cette difficulté. Nous envisagerons aussi l’ensemble du travail propre aux personnages humains, animaux ou objets de la littérature orale (où commence et où s’arrête leur description, comment les faire vivre au-delà des mots…).
Le conteur et sa relation à l’auditoire
Le conteur n’est pas séparé du public. Il est en relation avec lui et doit pouvoir l’interpeller et être interpellé par lui tout au long de sa performance. Il a aussi un double positionnement, celui du témoin qui a vu les événements et qui les raconte, et celui qui, en tant qu’individu, est en relation avec un public au moment présent. Cette conscience pose bien souvent le problème de l’occupation de l’espace (scénique ou pas) et de la justesse de la mise en relation avec le public (À quel moment ?Pourquoi ? Comment ?). Au cours de cet atelier, nous analyserons les différentes interactions entre le public et le conteur et nous tenterons d’envisager les modes propres à chaque stagiaire.
La description et l’art du conteur
La description est un des éléments essentiels mais délicats de l’art du conteur. Où sont les limites de la description ? Peut-on tout décrire ? Où se trouve l’équilibre juste ? Comment décrire sans lasser l’auditoire ? Comment orienter une description pour servir la dynamique symbolique du récit ? La double étymologie du mot conte nous met en garde sur les risques d’un trop décrire. Au cours de cet atelier, nous tenterons de trouver le juste équilibre et nous analyserons les modes de description propices à l’art de la narration.
Raconter un récit de vie ou une nouvelle
Jusque-là, la formation s’est développée autour du conte traditionnel et des récits de la littérature orale. Pour conclure ce cycle, nous proposons d’éclairer deux autres formes très utilisées aujourd’hui dans l’art de la narration : le récit de vie et la nouvelle. Ces modes spécifiques, tout en étant extrêmement différents, nous permettront de retrouver de nombreux éléments déjà expérimentés durant l’année.
Conter en public
Atelier 10 . Mercredi 21 novembreSoirée publique dans une salle adaptée
Atelier 11 . Mercredi 12 décembre
Résultats d’ateliers
Aperçus du travail proposé
Présentation des différents genres de récits accessibles aux conteurs traditionnels, puis ajouts des genres spécifiques aux conteurs contemporains.
Repérage d’une trame dans un conte traditionnel travaillé en commun.
Choix, pour chaque participant(e) d’un récit, dans la masse des récits de littérature orale.
Repérage des trames de tous les récits choisis.
Présentation du Catalogue Delarue-Ténèze
Composition d’une version personnelle à partir de plusieurs versions d’un conte.
Acquisition des modes de fabrication d’images mentales dans l’intention de construire un récit.
Décryptage des logiques symboliques d’un récit ; création des « écrins » aux symboles.
Aménagement des images qui mettront en route une dynamique à partir des éléments symboliques.
Approches des mécanismes en jeu dans la mémoire du conteur.
Retenir l’ensemble des éléments constitutifs d’un conte
Éveil de la mémoire des auditeurs
Mémorisation de chaque conte.
Maîtrise des parasitages.
Trouver les logiques spatio-temporelles d’un récit.
Mettre en parole l’espace et le temps. ; apprivoisement de la poétique de l’espace et du temps.
Observation de la différence entre suggérer, évoquer, décrire.
Entraînement à la communication non-verbale dans le travail du conteur.
Présentation de la notion d’actant
Etablissement du « casting » du conteur.
Imaginer la vie intérieure des personnages de conte.
Rencontrer des personnages dans les différents genres de la littérature orale.
Vivre et dire les personnages de vos récits.
Mise en scène et mise en espace du conte narré.
L’art de l’aparté.
La prise de conscience de la présence et de la place du public dans l’art du conteur.
Expérimentation de la relation au public pour chaque stagiaire.
La particularité de la description : voir - faire voir - faire ressentir. Expérimenter les possibilités et les limites de la description.
Établissement des spécificités de la nouvelle et du récit de vie.