Les contes constituent, dans le sous continent indien, un volet important de la culture populaire.
Au Népal, les contes participent largement à la première littérature en Népali. Le Népal moderne est né, à partir du milieu du XVIII°, de l'unité d'une myriade de principautés et de petits royaumes sous l'égide de Prithvi Narayan Shah, roi turbulent qui s'est vite senti à l'étroit dans son petit domaine de Gorkha, au Népal Central. Locuteur Népali, ce conquérant a imposé partout sa langue, et les premiers auteurs dans cette communauté nouvelle du Népal moderne ont eu pour premier souci de mettre à la portée de tous les mythes fondateurs développés dans la mythologie indienne, l'épopée de lInde ancienne, la poésie et le théâtre de l'Inde classique, les conte indiens, les proverbes, les fables. Ils ont fait preuve d'une grande ardeur à traduire et retraduire encore en népali tout cette sagesse de l'Inde ancienne, donnant ainsi au Népal son ancrage culturel.
Pour beaucoup d'entre eux, les contes sont, à l'origine, des épisodes de la grande mythologie indienne, les conteurs ayant largement puisé dans ces textes fondateurs. Peu à peu, ces textes ont acquis une autonomie totale, chaque récit possédant son unité de sens et étant donc complet en lui-même.
Ces textes se situent entre tradition orale et littérature écrite sans correspondre stricto sensu à l'une ou l'autre des catégories.
A partir du XVIII°, c'est surtout d'une traduction en népali du Hitopadesh, datée de 1776, que s'inspirent les pandit de village pour mettre à la portée des gens simples ces trésors de littérature.
L'Académie Royale du Népal, créée par le roi Mahendra dans les années soixant, a suscité de nouveaux domaines d'investigation pour la recherche, bien qu'il n'existe pas encore de véritable "Folk Lore Society" à l'anglaise. Si bien qu'aujourd'hui les recueils de contes abondent, les auteurs proposant parfois des variantes sur des motifs semblables. Et à côté d'eux, nombreux aussi sont les recueils de chansons, de proverbes, de devinettes, de jeux de mots, de petites superstitions, de traditions et de pratiques de bonne ou de mauvaise augure, de chiromancie, de divination.
Les Népalais classent leurs contes en deux catégories, selon qu'ils sont connus ou non dans toutes les communautés.
Malgré le foisonnement des contes et leur grande diversité, leur valeur morale préserve entre eux un lien très fort. Partout on y lit en filigrane l'obligation du rachat de ses fautes, cette "loi des actes" ou karma, en vertu de laquelle la somme des actions et des pensées d'un individu détermine son devenir cosmique, sa réincarnation...
D'après Marie-Christine Cabaud, Introduction de Contes du Népal - Grancher - 2001