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Problématique du séminaire
11ème séminaire autour de la Mémoire de l'Immigration
" Paysage et architecture comme stimulant ou anesthésiant de la mémoire"
Jeudi 8 et vendredi 9 mars 2007
 
Dans les locaux du CMLO, 4 Boulevard Gambetta à Alès (30)
de 9h30-12h00 et 14h00-17h00



Depuis février 2006, le CMLO organise un séminaire de recherche sur les processus de stigmatisation entre autochtones et allochtones d’un même territoire. Pour analyser les divers modes de construction de ces stigmatisations, 24 approches ont été sélectionnées (voir programme ci-joint). Ce séminaire se déroule à raison de 2 jours par mois à Alès. Il est dirigé par Marc Aubaret (directeur du CMLO) et fait l’objet d’invitation à des chercheurs, praticiens ou animateurs pouvant éclairer le sujet.
L’accès y est libre, mais les réservations obligatoires.
Les résultats de recherche de ce séminaire seront publiés sur le site www.euroconte.org et feront l’objet d’un colloque en octobre 2008.
 

Paysage et architecture et mémoire

Les hommes sont sensibles à l’environnement qui les entoure. Qu’il soit naturel ou construit, il participe à la structuration de nos mémoires. Certains lieux sont, de ce fait, porteurs de mémoires collectives à tel point qu’ils sont parfois classés au patrimoine national (voire international). Pour l’ethnologue, le paysage, l’urbanisme ou l’architecture sont des construits sociaux, ils consistent donc en des représentations sociales et n’ont pas de réalités objectives.  En ce sens, leur perception peut être source de représentations différentes et de malentendus entre autochtones et allochtones. C’est à cette altérité perceptive et aux malentendus qu’ils peuvent engendrer entre autochtones et allochtones que ce séminaire s’attachera.

Comment le paysage, "cet espace élaboré par les forces conjuguées de la nature, de l’homme et du temps… " (1) et l’architecture participent-ils à l’élaboration de nos structures mémorielles ? Comment sont-ils des éléments de réminiscence ou d’oubli ? Quels sont leurs effets dans les processus d’intégration des personnes d’origines culturelles allochtones ? Comment contribuent-ils à fonder un sentiment d’autochtonie ou d’allochtonie ? Comment réagissent nos mémoires quand les paysages ou les architectures se métamorphosent ? Comment ressent-on les architectures différentes de nos architectures référentes ? En quoi certains éléments architecturaux sont référents de nos mémoires collectives ou individuelles ? Quelles traces l’immigration laisse-t-elle sur l’architecture, le paysage, le patrimoine matériel ? …


Extraits de textes pour réflexion :

Le paysage aux sources de l’autochtonie ?
"Dans la mémoire collective d’un peuple autrefois et longtemps majoritairement rural, aujourd’hui urbanisé, le paysage … fait appel à un lointain passé familial. Nombreux  parmi nous-mêmes après plusieurs générations citadines, ceux qui ont entendu parler d’une aïeule mythique, si vaillante qu’elle n’accouchait qu’une fois son champ de trèfle coupé ou sa vache  traite. Dans les chansons et locutions populaires, le paysage est le lieu de la sieste amoureuse : "couchés dans les foins / avec le soleil pour témoin" comme du repos définitif : le dernier regard de Mandrin sur le point d’être pendu c’est "du haut de ma potence/je regardais la France". Enfin, notre paysage nous recouvre définitivement quand on "mange les pissenlits par la racine." (2)

"La mémoire des lieux et des paysages fait assurément partie des mémoires de la nation. Elle en cultive les points de repère physique : la psychologie classique accorde, on le sait, à ces signes  matériels la capacité de fixer la localisation des souvenirs et d’en aider la mobilisation. Cette mémoire agit donc en plusieurs sens : en premier lieu, l’appropriation collective, par l’image et les représentations d’un ensemble géographique qui dépasse les expériences individuelles. Le paysage est alors objet de mémoire, carte mentale. En un autre sens, il devient source de connaissances, archive vivante ou matérielle : les aménagements et les dispositifs territoriaux recèlent la trace d’une histoire plus ou moins lointaine ou mouvementée, qu’elle soit à l’échelle des temps géologiques ou des sociétés : patrimoine à découvrir, remuer, fouiller quand il ne se déploie pas plus directement au regard de l’observateur averti." (3)

"Le paysage se distingue d’autres concepts proches (espaces, nature…) car il associe un substrat physique (biogéocénose) et le regard d’un individu socialement et culturellement déterminé. Regard et subjectivité sont donc des éléments constitutifs du paysage."
Le paysage remémoré, qui nous intéresse ici tout particulièrement, se détache de son substrat physique et de l’expérience directe. Il est le paysage du souvenir, du récit, recréé par le langage ou les images.
Les représentations paysagères dépendent de l’identité complexe des agents sociaux. Chaque individu articule différents registres identitaires et n’est réductible à aucun d’eux. Ainsi, chacun est susceptible de mobiliser diverses postures paysagères qui actualisent dans la réalité sociale les représentations paysagères. La posture adoptée varie en fonction de la situation et de la personnalité de l’agent social. Chacun présente une posture dominante, qui n’est pourtant pas exclusive, mais qui "déteint" sur les autres. Le concept de posture paysagère décrit le discours et la position observable prise par un individu face à un paysage en lien avec son identité (profession, origine sociale, histoire personnelle,…). Il s’agit d’une représentation paysagère en acte ou en discours que l’on observe ou l’on recueille lors d’entretien. » (4)

Paysages et sens du lieu (extrait)
Paysage, territoire, altérité
"Comme l’a souligné Marcello Veneziani à propos des approches géo-philosophiques du problème de la territorialité, le besoin, caractérisant l’attitude communautaire de se reconnaître dans des archétypes, traditions et continuités formant un horizon de sens, est inséparable du sentiment ou du désir d’appartenance à un lieu, d’enracinement dans une terre d’élection, de recherche d’un horizon où se fixer. C’est l’affirmation de la valeur des lieux et de la mémoire contre la mondialisation déracinante, cosmopolite, multiraciale, laquelle s’exprime aussi au travers du nivellement des caractéristiques locales, de l’uniformité indifférenciatrice où la terre est comme fondue de nouveau en un bloc unique, monotone et déculturant. Dans le cadre de ses pertinentes oppositions terme à terme, Veneziani soutient que "la communauté relève d’un lieu, ce qui est libéral d’un temps" : la communauté est la pensée d’une origine et d’une généalogie inscrites dans des lieux précis, patrie ou matrie, d’où elle tire aliments et sens ("La frontière n’est pas le mal, mais ce qui garantit concrètement la sphère de notre être et de notre agir"); le cosmopolitisme faustien, la fuite en avant libérale sont au contraire tout entier tournés vers la libération de ce qui rattache à une terre et à la singularité d’un lieu, au nom de l’universalisme à réaliser au sein d’une temporalité orientée vers le progrès. Ceci signifie que l’instance sur la variabilité des temps et des traditions, donc sur le relativisme historique des valeurs, a pour pendant la tendance complémentaire à l’abolition des différences, des identités partielles et éparses. Inversement, la défense des différences, des identités et des traditions, qui s’incarnent dans des patries territorialement définies, s’accompagne généralement d’une mise en valeur de la mémoire, de l’héritage culturel, dans le cadre d’une idée de communauté élargie aux ascendants et aux descendants, ainsi qu’à la terre elle-même ." (5)

"… Simon Schama a montré combien les paysages pouvaient contribuer à la mise en place d’une mémoire partagée et également, influencer le sentiment d’identité nationale. Ainsi, la tradition poétique de la « douce France » renvoie à une géographie (champs cultivés, vergers, vignobles, bois et rivières harmonieusement ordonnés,…) autant qu’à une histoire, à des mythes et des récits légendaires relatifs à tel ou tel lieu particulier, toujours constitués de plusieurs couches de mémoires. Il en va de même avec la place occupée par la forêt dans la mémoire collective et dans l’idéologie du III° Reich." (6)


Mots-clefs : Paysage, représentations, territoire, urbanisme, architecture, mémoires, immigration, autochtonie, allochtonie, stigmatisation, patrimoine matériel…

(1) Pierre NORA Lieux de mémoires T1 p 955
(2) Françoise CACHIN Lieux de mémoire T1-P 957
(3) Marcel RONCAYOLO. Lieux de mémoire T1 p 997.
(4) COLLECTIF. Le champ du paysage. Représentations paysagères et processus de légitimation des usages sociaux du paysage. Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel.
(5) Luisa BONESIO. Paysages et sens du lieu in Eléments N°100, mars 2001.
(6) Joël CANDAU. Anthropologie de la mémoire. 2005 p.71

 

    

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Bibliographie de référence
(côtes CMLO)

I. LIVRES
- Les Lieux de Mémoire. Pierre Nora (dirt) / Ed Gallimard / Coll. Quarto / 2003-2004
- Vivre en moyenne montagne /sous la direction de Léon Pressouyre / Collectifs / CTHS / 1995 (I-II-4)
- Des paysages et des temps  : La mémoire orale en Cévennes, Vallée Française et pays de Calberte (Récits de l’histoire, “au-delà des choses”, littérature orale) Vol 1 et 2 / Pierre Laurence / Ed. Parc National des Cévennes / 2004 / publication : SIVOM des Hauts Gardons, Parc national des Cévennes, DRAC du Languedoc-Roussillon. Tome I : p. 1 à 431 et Tome II p. 432 à 844 (O-VI-1 et C-II-72)
- Les usages de l'espace urbain dans les banlieues populaires / Laurence Buffet, thèse sous la direction de François de Singly
- Les lieux et les gens dans le devenir des villes. Actes du Séminaire / écomusée du Creusot-Montceau,  Janvier 2004. (L-IV-52)




    

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