1). Présentation des corpus.
. Tradition Orale.
Ce conte type est rependu dans toute l’Europe, et du Caucase aux Philippines ; quelques versions sont localisées sur le sol Africain et espagnols dans le Nouveau-Monde (Thompson). Dans le contexte français, on est frappé de la très forte proportion des versions bretonnes (28 sur 51).
Comme le dit Stith Thompson, la tradition n’est pas toujours cohérente et les conteurs, apparemment, ne comprennent pas toujours la signification de ce qu’ils racontent. La cause en est, très certainement, l’extraordinaire complexité du thème, qui accumule comme à plaisir les éléments merveilleux : objet magique, cheval conseiller, animaux reconnaissants, et multiplie les péripéties, dont l’ordre en plus dans le déroulement du récit peu varier : ainsi la rencontre avec les animaux envers lesquels le héros se montre secourable peut-elle se placer soit avant son arrivé chez le roi, soit après ; de même, la princesse peut exiger des épreuves soit avant de suivre le héros chez le roi, soit après l’avoir suivi ou avoir été enlevée par surprise.
L’existence de deux introductions absolument différentes l’une de l’autre mérite aussi d’être soulignée ; l’une qui est la plus fréquente (vers. 2, 3, 7, 12, 18, 21, 23, 25, 26, 29, 35, 43, 48), mettent l’accent sur l’élément « filleul du roi » (ou d’un personnage surnaturel). L’autre mettant l’accent sur le caractère merveilleux du cheval du héros (Vers 13, 17, 20, 22, 44, 45). Les deux introduction (et d’autres encore !) se rencontrant d’ailleurs concurremment dans la même région.
Nous avons donc donné dans le Catalogue français, à ce conte type le titre de la célèbre version de Mme d’Aulnoy. Certaines versions orales, toutefois en petit nombre seulement, en dérivent nettement (Vers 11, 37, 40, 47 et 51)
Même si la belle n’a pas de cheveux d’or, ce trait de l’or est souvent associé à son nom ; c’est pourquoi nous l’avons donné dans presque toutes les versions, à la suite de l’élément IV.C.3.[1] (Voir la version 1)
Tradition écrite.
L’histoire de ce thème traditionnel est jalonnée de nombreux repères écrits, certains d’une très haute antiquité ; Paul Delarue les a rappelés dans un commentaire de la vers. De ce type qu’il a reproduite dans son recueil de French Folktales. Le motif du cheveu d’or introduisant à la quête de la Belle se rencontre ainsi dans le conte Egyptien des 2 frères au XIIIème siècle avant J.C, dans le Tripitaka chinois au environ de l’an 500 de notre ère, puis au XII° siècle dans une rédaction allemande de « Tristan et Iseult ». Bien avant la vers. De Straparole, c’est le conte lui-même sous sa forme occidentale que nous trouvons dans un recueil en langue hébraïque, du XIIème ou du XIIIème, conservé à la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford ; et le nombre de gallicisme qu’il contient fait penser à une origine française.
(Voir la version 2)
[1]Catalogue du Conte populaire Français Delarue Tenèze. Maison neuve et Larose. P336.